CHRONIQUES BLUESYMENTALES
1/ DEMAIN LES KIDS
Les charognards titubent au-dessus des couveuses
et croassent de lugubres et funèbres berceuses
kill the kid
pendant que nos sorcieres sanitaires et barbues
centrifugent nos clônes au fond de leurs cornues
kill the kid
dans les ruines de l'ecole ou brûle un tableau noir
une craie s'est brisée en ecrivant: espoir
kill the kid
deja les mitrailleuses ont regagnié leurs nids
seule une mouche bourdonne sur la classe endormie
kill the kid .../... kill the kid
les guerriers de l'absurde et de l'enfer affrontent
les delices de la mort sous le fer de la honte
kill the kid
Beyrouth aeroport ou Mosambique City
le sang des tout petits coule aux surprises-parties
kill the kid
sacrifiez les enfants/fusillez les poetes
s'il vous faut tout ce sang pour animer vos têtes
kill the kid
s'il vous faut tout ce sang pour jouir à vos fêtes
sacrifiez les enfants/fusillez les poetes
kill the kid .../... kill the kid .../... kill the kid
quelque épave au regard usé par le délire
poursuit dans sa folie le chant d'un enfant-lyre
kill the kid
et dans ses yeux squameux grouillant de noires visions
le desir se transforme en essaim de scorpions
kill the kid
petite poupée brisée entre les mains salaces
de l'ordure ordinaire putride et dégueulasse
kill the kid
tu n'es plus que l'otage la prochaine victime
sur l'autel écoeurant de l'horreur anonyme
kill the kid
sacrifiez les enfants/fusillez les poètes
s'il vous faut tout ce sang pour animer vos têetes
kill the kid
s'il vous faut tout ce sang pour jouir à vos fêetes
sacrifiez les enfants/fusillez les poètes
kill the kid .../... kill the kid .../... kill the kid
les charognards titubent au-dessus des couveuses
et croassent de lugubres et funèbres berceuses
kill the kid
pendant qu'un Abraham ivre de sacrifices
offre à son dieu vengeur les sanglots de son fils
kill the kid
mais l'ovule qui s'accroche au ventre de la femme
a deja mis son casque et sorti son lance-flamme
kill the kid
attention monde adulte inutile et chagrin
demain les kids en armes/demain les kids enfin
demain les kids
Paroles et musique : H.F.Thiéfaine
2/ POGO SUR LA DEAD LINE
J't'ai connu par erreur aux heures des fins d' parties
devant le souterrain ou j'garais mon O.V.N.I
couchè dans des renvois de biere et de bretzel
t'essayais de demander du feu à un teckel
mais quand j't'ai vu marcher à cotè de tes rangers
en pleine eclipse mentale et mouillant tes pampers
j'ai sorti mes kleenex et mon mercurochrome
pour mettre un peu de couleur sur ta gueule de fantome
je m'souviens de ton rire hideux dans les couloirs...
tes mains de chimpanzé accrochées au comptoir...
et tes yeux revulsés contemplant le chaos
de ton crane emoussé bouffé par ton égo
j'ai ressoudé ton jack/change ton émetteur
raccordé ton cerveau à l'égout collecteur
reinjecté du fuel àa travers tes circuits
avant qu'tu remettes les bouts vers le bout de la nuit
pogo sur la deadline
rhapsodie cannibale
requiem à gogo
pour le repos
de mal dans l'ame d'un animal
qui retourne au niveau
zéro
je t'ai revu plus tard en pénible bavard
quand tu polémiquais, mickey des lupanards
j'etais mort en voyant la cour d'admirateurs
qui venaient respirer tes ignobles vapeurs
trainant ta charisma de canaille en bataille
comme un wimpy moisi sur un épouvantail
tu pouvais embuer la vision la plus saine
de ton haleine de hyene obscene et noire de haine
et puis tu as rompu avec tous les miroirs
qui auraient pu t'emouvoir d'un eclair transitoire
et t'es mort vieux cafard sans chercher d'alibi
juste en puant du groin, du coeur et des branchies
mais j'crois qu'tu t'es planté toi le brillant reptile
sous ton masque visqueux de cloporte inutile
t'oubliais que les touristes ont besoin des craigneux
pour se sentir moins seuls quand ils sont trop baveux
Paroles et musique : H.F.Thiéfaine
3/ UN AUTOMNE A TANGER (antinoüs nostalgia)
Lui sous la pluie
d'un automne à Tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingue
lui dans sa nuit
d'un automne à Tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée
nous venions du soleil
comme des goelands
les yeux fardés de ciel
et la queue dans le vent
mais nous nous sommes perdus
sous le joug des terriens
dans ces rades et ces rues
reservàs aux pingouins
lui sous la pluie
d'un automne à Tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingue
les vagues mourraient blessées
à la marée sans lune
en venant féconder
le ventre des lagunes
et nos corps écorches
s'immolaient en riant
sous les embrunts glacsé
d'une chambre océan
lui sous la pluie
d'un automne à Tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée
d'ivresse en arrogance
je reste et je survis
sans doute par élégance
peut-etre par courtoisie
mais j'devrais me cacher
et parler à personne
et ne plus fréquenter
les miroirs autochtones
lui sous la pluie
d'un automne à Tanger
lui qui poursuit
son puzzle déglingue
lui dans sa nuit
d'un automne à Tanger
lui qui détruit
son ombre inachevée
Paroles et musique : H.F.Thiéfaine
4/ CAMERA TERMINUS
Sous les porches moisis
des cités englouties
la derniere ambulance
s'englue dans le silence
enfin seuls
odeurs gélatineuses
de chairs moites et lepreuses
parfums de fièvre jaune
de cyanure et d'ozone
enfin seuls
nous sommes seuls
dans le vent
survivants
mort-virus/terminus
au pied des temples usés
des statues delabrées
le fleuve roule sa semence
limoneuse et gluante
enfin seuls
silhouette vaporeuse
dans la lumière cendreuse
du matin-crepuscule
t'arraches mon ventricule
enfin seuls
nous sommes seuls
dans le vent
survivants
mort-virus/terminus
omnibus morbidus gaudeamus !
enfin seuls
sur cette planete qui grince
dans le froid qui nous pince
enfin seuls
tu te rinces les méninges
en caressant mon singe
jardins metalloïdes
noyés de larmes acides
où la lune en scorpion
fait danser ses démons
enfin seuls
amants conquistadors
sur le terminator
plus de voix qui déconnent
au bout des taxiphones
enfin seuls
Paroles et musique : H.F.Thiéfaine
5/ 542 LUNES ET 7 JOURS ENVIRON
La terre est un macdo recouvert de ketchup
ou l'homo cannibale fait des gloupses et des beurps
ou les clowns en treillis font gemir la musique
entre les staccatos des armes automatiques
j'y suis ne d'une vidange de carter seminal
dans le garage intime d'une fleur sentimentale
quand j'ai ouvert les yeux la lumiere vagabonde
filait à 300 000 kilometres à la seconde
j'ai failli me tirer mais j'ai fait bof areuh
j'suis qu'un interimaire dans la continuite de l'espece
et coucou beuh !
542 lunes et 7 jours environ
que je traine ma carlingue dans ce siecle marron
542 lunes et 7 jours environ
et tu vois mon amour j'suis toujours aussi con
une fille dans chaque port et un porc qui sommeille
dans chaque salaud qui reve d'une crampette au soleil
et les meufs ca couinait juteuses et parfumées
dans le bleu carnaval des printemps cutanes
j'en ai connu des chaudes à la bouche animale
a g'nou dans les toilettes ou dans la sciure des stalles
helas pour mon malheur j'en ai connu des pires
qui voulaient que j'leur cause en mourant d'un soupir
et puis je t'ai connue mais j'vais pas trop charrier
attendu que j'suis lache et qu'ton flingue est charge
oh ma sweet yeyeye sweet lady
542 lunes et 7 jours environ
que je traine ma carlingue dans ce siecle marron
542 lunes et 7 jours environ
et tu vois mon amour j'suis toujours aussi con
la geisha funeraire s'tape des rassis cremeux
chaque fois que j'raye un jour d'une croix sur mon pieu
pourtant j'controle mes viandes, je surveille mes systoles
et me tiens à l'ecart des odeurs de formol
mais un jour faut partir et finir aux encheres
entre les gants steriles d'une soeur hospitaliere
et je me vois deja guignol au p'tit matin
trainant mon vieux flight-case dans le cimetiere des chiens
oh meine kleine Mutter
mehr Licht !
542 lunes et 7 jours environ
que je traine ma carlingue dans ce siecle marron
542 lunes et 7 jours environ
et tu vois mon amour j'suis toujours aussi con
Paroles et musique : H.F.Thiéfaine
6/ ZOO ZUMAINS ZEBUS
Je regarde passer les zumains de ma rue
un peu comme on reluque au zoo les zebus
triés, normalisés, fonctionnels, uniformes
avec leurs initiales gravées sur leurs condoms
et je cherche un abri sur une etoile occulte
afin d'me tricoter des oeilleres en catgut
j'm'arracherais bien les yeux mais ce serait malveillance
vu qu'j'ai deja vendu mon cadavre à la science
je n'ai pas la frite
repasse me voir demain lady
plus de mur à Berlin pour justifier ma honte
quand je reviens bourre dans mes baskets en fonte
et cui d'Jerusalem est trop loin du bistrot
pour que j'm'y liquefie en chagrin lacrymo
mais loin de moi l'idée d'etre irreverencieux
et d'flinguer les chimeres qui rendent le monde heureux
chacun sa religion, chacun son parachute
et je mets mon foulard quand j'vais à la turlute
je n'ai pas la frite
repasse me voir demain lady
j'ecoute la mode en boite sur mon ghetto-blaster
dans le joyeux ronron quotidien des horreurs
pas la peine de s'en faire il suffit d'oublier
demain je s'rai funky, rastaquouere et blinde
a part ca tout va bien comme dit Schopenhauer
pendant la durée des travaux je reste ouvert
j'imaginerai sisyphe gonfle aux anabos
en train d'faire sa muscu dans la cage aux heros
je n'ai pas la frite
repasse me voir demain lady
Paroles et musique : H.F.Thiéfaine
7/ PORTRAIT DE FEMME EN 1922
Je t'ai rencontrée une nuit
au detour d'un chemin perdu
qui ne conduisait nulle part
ou tu te tenais immobile
en equilibre sur un fil
tendu au-dessus du hasard
et lorsque je t'ai demandee
qui tu etais d'ou tu venais
tu m'as repondu d'un regard
tu sais, je n'suis qu'effluve
et je reviens d'ailleurs...
plus tard dans un coin de bistrot
devant un billard electrique
tu m'as montre ta dechirure
tu m'as dit d'etranges paroles
qui volaient comme des chauves-souris
au milieu de ta chevelure
elles me parlaient d'inconnu
de mysterieux chemins caches
qui montaient au-dela des murs
d'un tenebreux voyage
tu cherches au-dela des frontieres
un miroir ou un coeur ouvert
pour y projeter tes phantasmes
sautant d'une plateforme d'autobus
tu prends le premier train rapide
pour Marseille ou pour Amsterdam
juste une piece dans un taxiphone
mon tendre amour ne m'attends pas
ce soir je ne rentrerai pas
et tu reprends ta route
ton tenebreux voyage .../...
.../... un jour ou l'autre tu reviens
un peu comme au sortir d'un reve
dans l'inconscience du matin
les traits tires par la fatigue
la tete creuse, le regard vide
tu ne sais plus ce qui se passe
et tu ne comprends plus
tu ne comprends plus rien
le temps de te refaire les yeux
de prendre un bain et de m'aimer
tu repenses à d'autres visages
noyes au fond d'un verre d'alcool
tu me demandes une cigarette
et me dis d'un air un peu vague
mon tendre amour ne m'en veux pas
tu sais je ne suis à personne
demain il faut que je reparte
et tu reprends ta route
ton tenebreux voyage .../...
Paroles et musique : H.F.Thiéfaine
8/ MISTY DOG IN LOVE
Je te veux dans ma nuit
je te veux dans mon brouillard
je te veux dans ma pluie
de te veux dans mon blizzard
je te veux fauve & captive
ecartelée dans ma geole
je te veux chaude & lascive
glamoureuse & sans controle
je te veux sur ma route
je te veux dans mes errances
je te veux dans mes doutes
je te veux dans mes silences
je te veux en amazone
a cheval sur ma monture
je te veux quand j'abandonne
ma racine à ta blessure
je te veux dans la spirale
de tes abimes eclatants
je te veux dans les annales
de ton feminin troublant
je te veux dans le feu
taciturne des etoiles
je te veux dans le jeu
des vagues ou s'enfuient mes voiles
je te veux vamp et rebelle
bouillonnante & sans pudeur
je te veux tendre et cruelle
sur mon sexe et dans mon coeur
je te veux dans l'opera
silencieux de mes planetes
je te veux dans le magma
ou se dechire ma comete
je te veux dans ma nuit
je te veux dans mon brouillard
je te veux dans ma pluie
je te veux dans mon blizzard
je te veux dans le sulfure
de mes galeries inconscientes
je te veux dans l'or-azur
de mes envolées d'atlante
je te veux dans la lumiere
de mes soleils suburbains
je te veux dans la priere
des dieux suppliant l'Humain
je te veux dans ma nuit........
Paroles et musique : H.F.Thiéfaine
9/ VILLES NATALES ET FRENCHITUDE
Clichés de poubelles renversées
dans la neige au gris jaunissant
ou un vieux clebard estropie
r'niffle un tampon sanguignolent
givre dans la nuit de Noel
un clocher balbutie son glas
pour ce pekin dans les ruelles
qui semble emerger du trepas
il vient s'arreter sur la place
pour zoomer quelques souvenirs
fantomes etoiles de verglas
qui se fissurent et se dechirent
ici y'avait un paradis
ou l'on volait nos carambars
maint'nant y'a plus rien mon zombi
pas meme un bordel ou un bar
voici la creche municipale
sous son badigeon de cambouis
ou les generations foetales
venaient s'initier à l'ennui
cow-boys au colt 45
dans la tendresse bleue des latrines
on etait tous en manque d'indiens
devant nos bols d'hemoglobine
voici l'canal couvert de glace
ou l'on conserve les noyes
et la c'est juste la grimace
d'un matou senile et pele
mais ses yeux sont tellement zarbis
et son agonie si tranquille
que meme les greffiers par ici
donnent l'impression d'etre en exil
voici la statue du grand homme
sous le spectre des marronniers
ou l'on croqua la premiere pomme
d'une quelconque vipere en acne
et voici les murs du lycee
ou t'as vomi toutes tes quatre heures
en essayant d'imaginer
un truc pour t'arracher le coeur
mais t'as jamais vu les visages
de tes compagnons d'ecurie
t'etais deja dans les nuages
a l'autre bout des galaxies
trop longtemps zone dans ce bled
a compter les minutes qui tombent
a crucifier de fausses barmaids
sur les murs glaces de leurs tombes
un camion qui passe sur la rocade
et le vent du Nord se reveille
mais faut pas rever d'une tornade
ici les jours sont tous pareils
Paroles et musique : H.F.Thiéfaine