LE BONHEUR DE LA TENTATION
 

1/ RETOUR VERS LA LUNE NOIRE

Dans tes yeux cramoisis aux chiffres mentholés
J'aperçois le killer de tes amours vaudous
Brisant les corps moisis, fallacieux et glacés
De tes poupées nitides aux baisers d'amadou
Oh ! Reine noire

Météo-catharsis, santéria-guérilla
Vent d'hôpital-fantôme dans tes nuits guet-apens
Ivresse des tambours fous, rêves creusés dans tes draps
De magnolias froissés au soleil noir flambant
Oh ! Reine noire

Sacrifices de blaireaux sur les tombeaux flétris
De tes groupies mondains aux synapses éclatées
Souvenirs-damnation dans tes yeux de momie
Sous les horloges en flammes aux aiguilles torpillées
Oh ! Reine noire

Tes amants sans mémoire
Sans rêves et sans espoirs
Défilent dans tes miroirs
Reine noire
Tes amants transitoires
Transis et dérisoires
Se traînent sur tes trottoirs
Reine noire

Figurines écrasées près des téléscripteurs
Sous les ogives en fleurs de tes soirs-Halloween
Scorpions géants fouillant tes étoiles en vapeur
Sous la pluie des fragments de tes caresses intimes
Oh ! Reine noire
Tes amants sans mémoire
Sans rêves et sans espoirs
Défilent dans tes miroirs
Reine noire
Tes amants transitoires
Transis et dérisoires
Se traînent sur tes trottoirs
Reine noire

Paroles et musique : H.F.Thiéfaine


2/ LA BALLADE D'ABDALLAH GERONIMO COHEN

Avec les radars de sa reum surveillant ses draps mauves
Et ses frelons d'écume froissée sur ses claviers d'alcôve
Avec ses dieux chromés, ses fusibles hallucinogènes
Et ses mitrailleuses albinos sur ses zones érogènes
C'est juste une go
Qui cache pas ses blêmes
Et qui s'écrase le placebo
Sur la dernière rengaine :
La ballade d'Abdallah Geronimo Cohen

Avec ses vieux démons, ses vieux Tex Avery sumériens
Qui hantent les hootnannies de ses métamondes
souterrains
Avec l'insurrection de ses airbags sur sa poitrine
Et ses juke-boxes hurlant dans le labyrinthe de son spleen
C'est juste une go
Qui cache pas ses blêmes
Et qui s'caresse le distinguo
Sur la dernière rengaine :
La ballade d'Abdallah Geronimo Cohen

Abdallah Geronimo Cohen
Etait né d'un croisement sur une vieille banquette Citroën
De Gwendolyn von Strudel Hitachi Dupond Levy Tchang
Et d'Zorba Johnny Strogonof Garcia M'Golo M'Golo Lang
Tous deux de race humaine
De nationalité terrienne
Abdallah Geronimo Cohen

Avec ses Doc Martens à pointes et son tutu fluo
Pour le casting de Casse-Noisette dans sa version techno
Avec son casque obligatoire pour ratisser les feuilles
Tombées sur son balcon parmi ses disques durs en deuil
C'est juste une go
Qui cache pas ses blêmes
Et qui s'caresse la libido
Sur la dernière rengaine :
La ballade d'Abdallah Geronimo Cohen

Paroles et musique : H.F.Thiéfaine


3/ EMPREINTES SUR NEGATIF

Ses rêves
Au réveil
Irradient
Mes trêves
Et mes veilles
Mes envies
Son corps
Aux décors
De mes nuits
Colore
En or
Les bruits
De la pluie

Ses lèvres
Au soleil
A midi
S'enfièvrent
Et s'enrayent
Assouvies
Son style
En subtile
Alchimie
Deale
Une idylle
Des mille
Et une nuits

Et pendant que ses blancs corbeaux
Fouillent mes noires étendues de neige
Je me consume et fume à fleur de faux
Prisonnier d'un lumineux manège

Ses rêves
Au réveil
Irradient
Ma sève
A son miel
A son fruit
Son coeur
Décodeur
De mes nuits
pleure
Et fleure
Les odeurs
De ma pluie

Paroles et musique : H.F.Thiéfaine


4/ METHODE DE DISSECTION DU PIGEON A ZONE LA VILLE

Frissons glacés dans les entrailles
A Zone-la-Ville by night
Lorsque les Laguioles signent en braille
L'échéance de ton bail
Lorsque les étoiles en fusion
Prennent ton dernier bastion
Et t'entraînent dans le tourbillon
De la danse des neutrons
Tu sais plus si c'est l'vent du Nord
Qui souffle dans ton crâne un peu fort
Ou bien si c'est l'ombre du remords
Qui fait hurler les anges à la mort

Sueurs froides, visage éclaté
Odeurs de rat mouillé
Sous les reflets désincarnés
D'un gyrophare usé
Prisonnier de l'ultime étincelle
Dans la dernière ruelle
Peu à peu t'aperçois le tunnel
Où brillent les immortels
Tu sais plus si c'est l'vent du Nord
Qui souffle dans ton crâne un peu fort
Ou bien si c'est l'ombre du remords
Qui fait hurler les anges à la mort

Et bientôt t'hallucines un zinc
Bien douillet, bien pervers
Où les s'crétaires cunnibilingues
Se font les ongles dans la bière
Où dans l'étrange pâleur du soir
Tu surfes en solitaire
Sur les margelles des abreuvoirs
Où Cendrillon lave les suaires

Fourgon sanitaire au galop
Blouses blanches dans le rétro
Adrénaline au point zéro
Et silence au stétho
Requiescat in pace vieux babe
Tombé sous mes syllabes
On peut pas tous finir en nabab
Dans l'gotha des macchabes
Mais maint'nant c'est plus l'vent du Nord
Qui souffle dans ton crâne un peu fort
Je crois que c'est l'ombre du remords
Qui fait hurler les anges à la mort

Paroles et musique : H.F.Thiéfaine


5/ DANS QUEL ETAT TERRE

Sous les rayons factices d'un soleil terminal
Après un vol obscur troublé de turbulences
Ta carlingue fatiguée est en approche finale
Dans une odeur de frites et de vieux sperme rance
Terre Terre Terre
Dans quel état t'erres

Tes enfants ne dansent plus maint'nant ils commémorent
A travers leurs modems et leurs écrans-goulag
Le fardeau de leur âme sur le poids de leur corps
Quand le futur bascule au bout des terrains vagues
Terre Terre Terre
Dans quel état t'erres

2000 après J.C. sur les calendriers
50 et des poussières après Adolf Hitler
2000 après J.C. dans le flot des damnés
Tu t'refais les paupières pour cacher ton cancer
Terre Terre Terre
Joyeux anniversaire

Loin des verdâtres imams de l'écolomanie
J'aim'rais encore te voir sensuelle et sulfureuse
J'aim'rais encore renaître à ton ventre meurtri
Là où ta peau devient humide et granuleuse
Terre Terre Terre
Dans quel état t'erres

Paroles et musique : H.F.Thiéfaine


6/ BOUTON DE ROSE

Sur mon Styx
Une étoile fixe
Illumine ma fréquence
Et dans l'axe
Où elle me faxe
Excess est sa fragrance
Comme une guêpe sur une fleur à peine éclose
Mes lèvres sur sa déchirure explosent
Son bouton de rose

Dans sa soie
J'm'essuie les doigts
Je bois dans son cristal
Et son vin
Coule au parfum
De ses vasques orientales
Comme une guêpe sur une fleur à peine éclose
Mes lèvres sur sa déchirure explosent
Son bouton de rose

Et je voyage en classe clandestine
Dans la sève des bouquets d'églantines
Dans le satin d'essences assassines
Je m'incline
Elle est clean
Si fine
Féline
Féminine

Mais le jour
S'lève pas toujours
Au milieu des dentelles
Et parfois
Je sens le froid
Quand je suis trop loin d'elle
Comme une guêpe sur une fleur à peine éclose
Mes lèvres sur sa déchirure explosent
Son bouton de rose

Paroles et musique : H.F.Thiéfaine


7/ 27 ème HEURE : SUITE FAUNESQUE

Cette nuit-là je rentrais d'une réunion Tupperware en
compagnie du septième mari de ma douzième épouse
complètement Johnny walkerisés on essayait d'y voir
quéqu'chose dans le pare-brise de ma vieille Renault 12
vers la 27e heure les étoiles étaient nulles et la Lune était
vide et glauque comme le courrier du fan-club d'une idole et
pour m'extrapoler loin de cette idée morbide je m'filmais un
documentaire sur des culs menteurs et frivoles vers la 27e
heure quand soudain devant moi au milieu de la route j'eus
une apparition...
Comme un coup d'grisou dans la soute vers la 27e heure
ça r'ssemblait à ET recouvert d'un voile ou d'une bâche
tissée dans la dentelle du puy sans fond où j'm'enfonçais
ses poumons turgesceaient comme ceux d'Tabatha Cash
mais du côté recto c'était plutôt Brigitte Lalaye vers la 27e
heure de la Cicciolina ça r'prenait l'truc du grand écart mais
j'crois bien qu'les orteils étaient ceux d'Ophélie Winter qui
malheureus'ment n'a jamais été la nièce d'Edgar et encore
moins la fille du grandissime Johnny Winter vers la 27e
heure quand soudain devant moi au milieu de la route j'eu une apparition...
Comme un Rembrandt sous une vieille croûte vers la 27e
heure bientôt ça s'est mis à genoux comme si j'étais Jésus
en tripotant le zip de mon Armani 505 général'ment j'aime
pas trop qu'on m'touche les fringues dans les rues mais là
il faisait noir et j'étais pété comme un coing vers la 27e
heure le vernis de ses ongles s'écaillait sous ma ceinture
et le rouge de sa bouche re-stylée Lolo Ferrari laissait des
traces sur ma layette et sans jouer les durs j'commençais
à germer de violents projets d'infamie vers la 27e heure
quand soudain devant moi au milieu de la route j'eus cette
apparition de sainte Bernadette Soubirous vers la 27e
heure j'commençais à partir, à décoller sans ecstasy à me
mettre à gémir sous les caresses de la diablesse c'est
alors que le druide en moi s'éveilla dans la nuit et s'mit à
sermonner dur'ment la jolie démonesse vers la 27e heure
que faites-vous pauvre enfant égarée loin du paradis j'vous
ai r'connue, j'avais votre photo dans mon missel que vont
penser de vous les dieux, les anges, les saints esprits s'ils
apprennent que la nuit vous faites la pute loin des
chapelles vers la 27e heure oui par Isis et Déméter, les
matrones associées que va penser de vous votre si bonne
Vierge Marie n'est-il pas vrai qu'un bon croyant est un être
asexué sans idées moches dans la calotte quand elle
m'interrompit vers la 27e heure ferme-la pauvre nœud t'as
rien compris à la Madone t'as rien compris au sexe des
anges et des spiritueux car si Dieu l'père et Dieu le fils
sont la seule et même personne comment veux-tu qu'la
mère et l'fils soient pas incestueux vers la 27e heure quand
soudain devant moi au milieu de la route j'eus une
apparition...
Comme une sainte au milieu des loutes vers la 27e heure
comme j'étais ni catho ni musulman ni talmudique j'ai
final'ment lâché ma pudibond'rie démodée et je m'suis
laissé faire dans un élan métaphysique sur une couronne
d'épines qui poussaient sur le bas-côté vers la 27e heure
cette nuit-là je rentrais d'une réunion Tupperware en
compagnie du septième mari d'ma douzième épouse qui
ronflait comme une basse Fender sur son siège ivre-mort
sans voir la scène dans le pare-brise de ma vieille Renault
12 vers la 27e heure quand soudain devant moi au milieu
de la route j'eus cette apparition... comme un feu follet sur
écoute vers la 27e heure

Paroles et musique : H.F.Thiéfaine


8/ EURYDICE NONANTE SEPT

De l'autre côté du passage obscur
Tu vois parfois d'étranges lueurs
Des tags lumineux qui courent sur les murs
Des néons-graffiti sans couleurs
Eurydice

De l'autre côté du passage obscur
T'entends parfois d'étranges rumeurs
Des voix fissurées qui rêvent et murmurent
Mais qui jamais ne rient ni ne pleurent
Eurydice

La vie est un songe où ton pauvre Orphée
Se traîne comme un mendiant sans voix
Comme un ange perdu, un idiot qui sait
Qu'il a vu l'invisible en toi

De l'autre côté du passage obscur
T'étreins parfois d'étranges moiteurs
Des fluorescences de tendresse-azur
D'éclaboussures de ciguë en fleurs
Eurydice

Paroles et musique : H.F.Thiéfaine


9/  LE CHAOS DE LA PHILOSOPHIE

Je suis robot-bar
Le petit roi du mini-bar

De whisky glacé en whisky glacé
On va finir par attraper l'onglée
On va finir comme des pingouins givrés
Complèt'ment Findus et décérébrés

Je suis robot-bar
Le petit roi du mini-bar

Cognac, vodka, whisky Coca
Gin-tonic, tequila, calva
Vichy, Perrier, Vittel, Evian
Peut-être un petit blanc ?

Je suis robot-bar
Le petit roi du mini-bar

De whisky glacé en whisky glacé
On va finir par attraper l'onglée
On va finir en amants déclassés
Sur la liste des coeurs désaffectés

Je suis robot-bar
Le petit roi du mini-bar

Paroles et musique : H.F.Thiéfaine


10/ EXERCICE DE SIMPLE PROVOCATION AVEC 33 FOIS LE MOT COUPABLE

Coupable, coupable

J'me sens coupable d'avoir assassiné mon double dans le
ventre de ma mère et de l'avoir mangé
J'me sens coupable d'avoir attenté à mon entité vitale en
ayant tenté de me pendre avec mon cordon ombilical
J'me sens coupable d'avoir offensé et souillé la lumière du
jour en essayant de me débarrasser du liquide amniotique
qui recouvrait mes yeux la première fois où j'ai voulu voir où
j'en étais
J'me sens coupable d'avoir méprisé tous ces petits
barbares débiles insensibles, insipides et minables qui
couraient en culottes courtes derrière un ballon dans les
cours de récréation
Et j'me sens coupable d'avoir continué à les mépriser
beaucoup plus tard encore alors qu'ils étaient déjà devenus
des banquiers, des juges, des dealers, des épiciers, des
fonctionnaires, des proxénètes, des évêques ou des
chimpanzés névropathes
J'me sens coupable des lambeaux de leur âme déchirée
par la honte et par les ricanements cyniques et confus de
mes cellules nerveuses
Je me sens coupable, coupable !

J'me sens coupable d'avoir été dans une vie antérieure l'une
de ces charmantes petites créatures que l'on rencontre au
fond des bouteilles de mescal et d'en ressentir à tout
jamais un sentiment mélancolique de paradis perdu
J'me sens coupable d'être tombé d'un tabouret de bar dans
un palace pour vieilles dames déguisées en rock-star,
après avoir éclusé sept bouteilles de Dom Pé 67 dans le
seul but d'obtenir des notes de frais à déduire de mes
impôts
J'me sens coupable d'avoir arrêté de picoler alors qu'il y a
des milliers d'envapés qui continuent chaque année à
souffrir d'une cirrhose ou d'un cancer du foie ou des
conséquences d'accidents provoqués par l'alcool
De même que j'me sens coupable d'avoir arrêté de fumer
alors qu'il y a des milliers d'embrumés qui continuent
chaque année à souffrir pour les mêmes raisons à
décalquer sur les poumons en suivant les pointillés
Et j'me sens aussi coupable d'être tombé de cénobite en
anachorète et d'avoir arrêté de partouzer alors qu'il y a des
milliers d'obsédés qui continuent chaque année à souffrir
d'un claquage de la bite, d'un durillon au clitoris, d'un
anthrax max aux roubignolles, d'une overdose de chagatte
folle, d'un lent pourrissement scrofuleux du scrotum et du
gland, de gono, de blenno, de tréponèmes, de chancres
mous, d'HIV ou de salpingite
Je me sens coupable, coupable !

J'me sens coupable d'être né français, de parents français,
d'arrière-arrière... etc. grands-parents français, dans un
pays où les indigènes pendant l'occupation allemande
écrivirent un si grand nombre de lettres de dénonciation
que les nazis les plus compétents et les mieux
expérimentés en matière de cruauté et de crimes contre
l'humanité en furent stupéfaits et même un peu jaloux
J'me sens coupable de pouvoir affirmer qu'aujourd'hui ce
genre de pratique de délation typiquement française est
toujours en usage et je prends à témoin certains policiers
compatissants, certains douaniers écoeurés, certains
fonctionnaires de certaines administrations
particulièrement troublés et choqués par ce genre de
pratique
J'me sens coupable d'imaginer la tête laborieuse de
certains de mes voisins, de certains de mes proches, de
certaines de mes connaissances, de certains petits
vieillards crapuleux, baveux, bavards, envieux et dérisoires,
appliqués à écrire consciencieusement ce genre de
chef-d'oeuvre de l'anonymat
J'me sens coupable d'avoir une gueule à être dénoncé
Je me sens coupable, coupable !

J'me sens coupable de garder mes lunettes noires de
vagabond solitaire alors que la majorité de mes très chers
compatriotes ont choisi de remettre leurs vieilles lunettes
roses à travers lesquelles on peut voir les pitreries
masturbatoires de la sociale en train de chanter c'est la
turlutte finale
J'me sens coupable de remettre de jour en jour l'idée de
me retirer chez mes Nibelungen intimes et privés, dans la
partie la plus sombre de mon inconscient afin de m'y
repaître de ma haine contre la race humaine et même
contre certaines espèces animales particulièrement
sordides, serviles et domestiques que sont les chiens, les
chats, les chevaux, les chè-è-vres, les Tamagochis et les
poissons rouges
J'me sens coupable de ne pas être mort le 30 septembre
1955, un peu après 17 heures 40, au volant du spyder
Porsche 550 qui percuta le coupé Ford de monsieur
Donald Turnupseed
J'me sens coupable d'avoir commencé d'arrêter de respirer
alors qu'il y a quelque six milliards de joyeux fêtards
crapoteux qui continuent de se battre entre-eux et de
s'accrocher à leur triste petite part de néant cafardeux
Je me sens coupable, coupable !

Paroles : H.F.Thiéfaine
Musique : H.F.Thiéfaine, Patrice Marzin et Valentin Cobranera


11/ FINAL ABDALLAH

"Abdallah Geronimo Cohen "

Soliste : " Lucas dong - dong " Thiéfaine...




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